David Coulon

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David Coulon est principalement connu pour Le Village des Ténèbres, lauréat du prix VSD du Polar 2015, et coup de cœur de Franck Thilliez. Il se spécialise en thrillers, romans noirs et romans psychologiques.

Biographie

Né en 1974, David Coulon est psychologue et metteur en scène de théâtre. Il intervient également en centres de détention, écoles, lycées, collèges pour des ateliers d’écriture ou théâtraux. Passionné par le cerveau d’individus en rupture, il les met le plus souvent en scène dans des univers sombres, au bord de l’effondrement. La frontière entre le Bien et le Mal, les bourreaux et les victimes, fait partie de ses thèmes de prédilection.

Contact

Pour toute proposition de publication, commande, reprise en droits seconds / droits dérivés, inscriptions en salons / évènementiel, etc., merci de contacter Jérome Delattre : contact@leor-agency.com

Ses romans édités

2023 – KINSTUGI, AFFITT éditions
– Commande

2023 – SENTINELLE, Magnus éditions

2021 – BIOTOPE, Cosmopolis éditions
– Finaliste Grand Prix de Littérature Policière
– Finaliste prix du Coquelicot Noir
– Finaliste prix du festival les Ancres Noires
– « Un coup de maître ! » La Provence

2019 – TROUBLE PASSAGER, French Pulp éditions
[Tous droits en possession de l’auteur]

2018 – JE SERAI LE DERNIER HOMME, Lajouanie éditions
– Finaliste prix du Coquelicot Noir
– Finaliste prix du Polar Normand

2015 – LE VILLAGE DES TÉNÈBRES, Les Nouveaux Auteurs
– Lauréat du prix VSD du Polar
– Coup de cœur de Franck Thilliez : « une ambiance surréaliste ! »
– Réédition poche à La Mécanique Générale (2021)

2015 – DERNIÈRE FENÊTRE SUR L’AURORE, ActuSF

Interviews, Booktrailers

Extraits choisis

Le corps de l’enfant.
Posé sur la bâche qui a servi à son transport.
Ce que je dois faire.
Le visage creux, la bouche ouverte sur son dernier cri. Le sang, partout.
Sa petite chemise, son petit short, ses petites baskets.
Il courait.
Le soleil dans les yeux, les rires dans la voiture.
Des rires radiophoniques.
Il courait après un ballon ou après un papillon ou après une fille ou après un garçon ou après le soleil peut-être, je ne le saurai jamais.
J’étais au volant et l’enfant, celui dont j’apprendrai plus tard le prénom – Baptiste – courait.
Moi, je roulais loin, vers la mer.
La mer est partout, ici, mais moi, je fuyais cette mer-là.
Partir.
Loin de la Méditerranée.
Vers l’Atlantique.
Une autre mer.
Une autre rive.
Mais je ne suis pas arrivé à sortir de la ville de mon enfance.
On n’en sort jamais vraiment.
J’ai tué un enfant.
J’étais au volant.
Et.
Baptiste courait.
Ce que je dois faire.
Le journal.
J’ai ce remugle acide dans l’estomac, les mains qui tremblent, les jambes qui tremblent, le téléphone portable posé, pas loin, téléphoner à la police, c’est ce que je devrais faire.
Mais non.
Il ne faut pas.
Je ne dois pas.
Appeler la police est impossible.
Le journal parle des corps.
Le journal parle de leurs positions.
Les tortures.
Les actes de barbarie.
Les noms et prénoms des enfants disparus.
Je ne dois pas.
Je poursuis ma lecture même si je sais déjà ce que je vais lire.
J’en connais les détails.
Je poursuis ma lecture et tout est flou et j’ai ce remugle acide et ces tremblements.
Téléphoner.
Ne pas téléphoner.
Il ne faut pas téléphoner à la police.
Je tremble.
Je convulse.
Je panique devant le corps de cet enfant mort.
Il courait.
L’enfant courait.
Baptiste.
Je roulais.
Le bruit du choc.
Pas de cri.
Seulement la voiture qui tressaute, qui roule sur les jambes de l’enfant.

C’était un couloir sombre. L’archétype du couloir que craignent les petits enfants lorsqu’ils sont encore à l’âge auquel on croit aux fantômes et aux sorcières. Un couloir de pierre, sans lumière, aux murs suintant l’humidité. Un couloir sans fenêtre, ne menant que dans une seule direction.

— Sorcières ou pas, il va bien falloir y aller, murmura Luc pour se donner du courage.

Il serra fort les manches du petit couteau et du hachoir qu’il tenait dans chaque main et avança dans le boyau étroit. Le couloir semblait interminable. Le sang frais des deux clochardes coulait de son hachoir, il laissait des traces à chaque pas. Il serait aisément repérable, mais il n’avait pas le choix, il fallait qu’il avance. Au bout d’une trentaine de mètres, le couloir faisait comme un coude, sur la droite. Il y avait de la lumière. De la lumière et du bruit. Des voix. Il serra les deux armes un peu plus fort, se plaqua contre le mur, et avança lentement, essayant de se faire le plus discret possible, tout en saisissant des bribes de conversation. Mais les voix étaient lointaines. Il devait y avoir d’autres clochardes, comme celles qui l’avaient attaqué au-dehors, et celles qui voulaient le découper. Il bondit dans le coude, les deux armes à la main, prêt à égorger quiconque se trouverait face à lui. Personne.

Je me retourne, ne réalise pas tout de suite ce qui est en train de se passer. Car une ombre vient de surgir. Et l’ombre saute dans ma voiture.
Je crie :
– Sortez de là !
Mais le moteur démarre. La voiture avance de quelques mètres, et je reste tétanisé, médusé par ce qui est en train de se produire. On vole ma voiture, là, dans ce champ désert en pleine nuit. Et des coups de feu sont tirés dans le lointain. J’ouvre la bouche pour pousser un nouveau cri, mais le moteur s’emballe, tressaute. Et cale. J’entends une voix.
– Putain, démarre !
Une voix de femme.
Je cours. En dix secondes, j’arrive au niveau de la portière, l’ouvre. Et mes yeux croisent ceux d’une femme d’une vingtaine d’années, blonde, le visage tuméfié de bleus, cerné. Elle est vêtue d’un chemisier sale, ouvert sur un petit sein noir de crasse. Son jean est tailladé par endroits, comme si elle s’était débattue dans un champ de ronces.
– Je vous en prie, aidez-moi, je vous en prie.[…] Je l’ai tuée.
Je l’ai tuée.
J’ai un cadavre dans mon coffre.
Mais.
Mais tandis que les chiffres 1, 2 et 3 défilent, quelque chose d’encore plus terrifiant me vient à l’esprit.
Que faisait cette femme, en pleine nuit, au milieu de ces champs déserts ?
Et surtout, que fuyait-elle ?