Cyril Carrère

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Cyril Carrère est principalement connu pour Grand Froid, finaliste du prix VSD-RTL en 2018. Il se spécialise en polar et thriller.
Biographie
Cyril Carrère, né en 1983, est pharmacologue de formation. Auteur de trois précédents romans, dont le très remarqué Grand Froid (La mécanique générale, 2020), finaliste du grand prix VSD-RTL du polar, il partage aujourd’hui sa vie entre la France et le Japon.
Contact
Pour toute proposition de publication, commande, reprise en droits seconds / droits dérivés, inscriptions en salons / évènementiel, etc., merci de contacter Jérome Delattre : contact@leor-agency.com
Ses romans édités
2023 – TITRE À DÉTERMINER, Denoël
2020 – LE QUATRIÈME RASSEMBLEMENT, Cosmopolis
– Finaliste prix du Festival Sans Nom 2021
[Tous droits en possession de l’auteur]
2018 – GRAND FROID, Editions Nouvelle Bibliothèque
– Finaliste prix VSD-RTL 2018 (classé 1e au terme du vote du public)
– Finaliste prix découverte Iris Noir 2019
– Édité en poche à La mécanique générale en 2020
[Tous droits en possession de l’auteur]
2018 – LE GLAS DE L’INNOCENCE, Le Lys bleu
[Tous droits en possession de l’auteur]
Nouvelles
2022 – MANIFESTO, Ska
– Dans le cadre du projet de littérature populaire « N »
2021 – ERIN, Auto-édition
– Préquel du roman LE QUATRIÈME RASSEMBLEMENT




Interviews, Booktrailers
Extraits choisis
Être assimilé aux autres, à la « masse » comme il la qualifiait, le rebutait. Il avait toujours vécu à l’écart des autres, comme un loup séparé de sa meute. Dès le plus jeune âge, il avait traversé, de force, des ordalies envahies par l’odeur de la mort. Il avait tué. Beaucoup. Ici, ailleurs.Des hommes, des femmes, et même des adolescents. Tout ça dans le seul but de le fortifier, transformer ses émotions les plus basiques en un mélange difforme et confus, pour le préparer à ce qui se présenterait un jour à lui. S’en était suivi un entraînement à la dure, tant physique que psychique. Il devait être fort, rapide, agile. Ingénieux, vivace, prompt à parer à toute situation. Discret, cultivé. En un mot : multitâche. Tout l’arsenal pour se fondre dans la société. Vivre sous l’identité nécessaire à l’accomplissement de ses missions. Le panel de compétences ultime, acquis au travers d’un travail acharné. Infernal.
Pourquoi l’avait-on choisi, lui ? La question se posait depuis très longtemps. Trop longtemps. Mais maintenant, il savait.
L’homme se contempla pendant de longues secondes dans le miroir central, se plongeant dans ses deux billes noires, opaques. Froides. Elles brillaient toujours de la même lueur, du même éclat après une opération rondement menée. Son entrejambe durcit à l’idée d’exécuter sa prochaine cible, et se procurer à nouveau ces poussées d’endorphines libératrices. Pas besoin des autres pour se satisfaire. Sa personne lui suffisait amplement. Il n’aimait que lui.
Sa femme était du genre bouquineuse, grande consommatrice de thrillers. Elle devait surement être dans le final d’un énième polar islandais ou finlandais avec un thé bien chaud, en pensant à la chronique qu’elle devait rédiger le plus tôt possible, selon les délais saugrenus qu’elle s’était infligés à elle-même. Impossible de décrocher avant la dernière page, disait-elle souvent. Il ne comprenait pas cette passion dévorante et encore moins cette lubie de partager ses ressentis avec de parfaits inconnus, au travers des réseaux sociaux. Face book, Twitter, Instagram. Et même un blog à son nom. A quoi ça rimait, sérieusement ?
Elle ferait mieux de s’occuper des gosses. Ca, c’était du temps bien passé. C’était bien à ça qu’elle servait, non ?
Un jour, lui avait-il dit, tu rencontreras un mur sur le chemin de la vérité. Qu’est-ce que tu feras ?
Est-ce que tu tourneras les talons et chercheras un autre moyen pour le contourner ? Est-ce que tu te jetteras dessus avec toute ton insouciance pour essayer de le surmonter ? Ou alors, est-ce que tu prendras le temps de l’analyser pour trouver la meilleure façon de le franchir ? Ce que tu feras dépendra de toi et déterminera le type d’enquêteur que tu es.
Erin sanglotait à l’idée que la fierté de son père rejoigne le bataillon d’enseignes fantômes du centre-ville et tombe dans l’oubli. Assise en tailleur sur le seuil de l’atelier, coudes sur les genoux et tête penchée, elle essuya ses larmes du revers de la main, alluma une Lucky et tira dessus comme une camée pour consumer son déses-poir. Elle toussa, agressant davantage sa gorge desséchée. Devant ses yeux embués, l’asphalte craquelé ondu-lait, comme mû par une force invisible.